Carnet de route

Alpinisme - Grand Astazou : Couloir Oublié

Sortie :  Couloir Oublié au Grand Astazou du 20/04/2024

Le 20/04/2024 par CHABANE MALIK

C’est au Pays Toy que Gaël nous guide vers une nouvelle aventure en cette fin de saison, qui semble proposer de superbes conditions météo. Grand beau et neige excellente seront au rendez-vous dans cette ascension du Grand Astazou par son Couloir Oublié.

La fermeture de la route menant au lac des Gloriettes nous oblige à prolonger la désormais traditionnelle et très appréciée mise en jambe du samedi. Nous traversons ainsi la magnifique vallée menant au cirque d’Estaubé, bordée par le torrent éponyme aux couleurs de lagons. Refusant toute concession vis-à-vis de notre confort (comme d'habitude en montagne) nous décidons de faire halte juste avant d'atteindre la neige pour installer notre bivouac.

Malgré la chute brutale de température qui nous engourdit les doigts, notre enthousiasme reste intact alors que nous révisons nos techniques d'encordement et d'assurage. Après un petit repas, avec pour vue l'imposant couloir que nous allons affronter, nous réglons nos alarmes pour 4 heures du matin, tout en observant une cordée un peu plus haut, dont le cheminement à une heure aussi avancée nous semble curieux, sans trop savoir ce qu'elle fait. Sous un ciel opaque, épais de nuages, nous nous souhaitons une bonne nuit avant de nous blottir dans nos sacs de couchage.

Au petit matin, deux choses ont changé : la mer de nuages a cédé la place à une mer d'étoiles, et nos casse-croûtes ont mystérieusement disparu, emportés par un rongeur malicieux. Mais nous ne lui en voulons pas, après tout, c'est chez lui qu'il se sert. À 5h, nous entamons l’approche de nuit dans laquelle on retrouve devant nous la cordée supposément égarée de la veille. Il semblerait que nous ne soyons pas les seuls à avoir retrouvé le chemin du couloir oublié. Départ de la voie à 6h30. Le soleil pointe à l'horizon. Dès le début, nous affrontons la seule difficulté technique de la voie : un ressaut de glace à 80 degrés. Gaël ouvre le bal. La suite de l'ascension est longue et exigeante, même dans des conditions de neige optimales, elle met à l'épreuve notre endurance.

Au sommet, nous arrivons aux premières loges de la majestueuse face nord du mont Perdu. Gaël nous rejoint après avoir apporté son aide à l'autre cordée sur la dernière longueur. C'est alors le début d'une longue descente. Nous parcourons légèrement l'arête ouest du Grand Astazou pour atteindre le col Swan, puis descendons dans sa face sud avant de nous engager dans le vallon menant au lac glacé. Le paysage qui s'offre à nous est spectaculaire : le lac glacé se fond presque entièrement dans la blancheur environnante, seuls ses contours bleu turquoise se démarquent. À gauche, d'imposantes dalles lisses se dressent, tandis qu'à droite s'étend un immense désert blanc. Après un ultime effort pour remonter la brèche de Tuquerouye, nous retrouvons le refuge du même nom, le plus haut et le plus ancien des Pyrénées. La descente, bien que raide au début, devient plus douce par la suite. Même en cet après-midi ensoleillé, nous nous enfonçons moins que prévu dans la neige.

Nous atteignons notre campement. Après avoir rapidement plié le bivouac, nous repartons à travers le magnifique vallon où de nombreuses marmottes semblent célébrer le début de la nouvelle saison, à peine attentives à notre passage.

Un grand merci à Gaël pour son accompagnement dans cette grande classique des Pyrénées, et à Sophie, Cécilia et Pepe pour cette belle aventure.

Malik